Le tour d\'Écosse à vélo

Le tour d\'Écosse à vélo

Aviemore - Edimbourg Du 28 au 31 juillet - 397km (Total: 1940km)

L’ambiance à Aviemore me plaît énormément – un côté alpin, un côté vosgien aussi, un peu entre les deux en fait. Comme il n’est pas tard, nous décidons de continuer quelques kilomètres. Notre route nous mène à l’intérieur du parc national des Cairngorms. Nous posons la tente près du petit village de Nethy Bridge. Avant de nous endormir, nous nous penchons sur la carte ; plusieurs choix s’offrent à nous pour traverser le massif afin de rejoindre Edimbourg. Nous hésitons, nous verrons au moment voulu…

            Ce matin les côtes sont plus longues que les jours précédents. Nous atteignons d’ailleurs une station de ski. Il n’y a pas âme qui vive à cette époque.

Soudain un 4x4 nous double, je crois le reconnaître mais je me dis « non quand même pas ! » et puis un second 4x4 nous dépasse à son tour ; ce sont bien les Suisses que nous avons côtoyé tout au long de la côte nord. Nous échangeons grands gestes et coups de klaxon. Ils ne doivent rien comprendre pensons-nous car ils nous ont doublé pour la dernière fois il y a trois jours à plus de 300 kilomètres au nord et pourtant nous sommes encore devant eux – chose possible que parce que nous avons pris le train entre Thurso et Aviemore.

Peu après, alors que nous en bavons dans une succession de côtes bien raides, nous apercevons au loin cinq cyclo-randonneurs. Un sourire de défi illumine nos visages. Clément me lance qu’il pari qu’il arrive en haut du col avant eux. Nous pédalons alors à vive allure, les dépassons deux cent mètres avant la fin de la côte et les saluons tandis que je filme le tout en riant… et en soufflant comme un bœuf à cause de cet effort ridicule. Mais notre défi est accompli ; il en faut peu pour nous amuser.

A Tomintoul, nous blablatons quelques minutes avec un jeune british qui baroude en vtt et qui a les mêmes intentions d’itinéraire que nous. Nous traversons ensuite Ballater, une jolie petite ville thermale qui s’étend le long de la rivière Dee que nous suivons par la suite jusqu’à Braemar, petit village sympathique également, où nous décidons de camper.

            Le lendemain ; nous envisageons un crochet par le Loch Tummel – il paraît que c’est beau, cela suffit à nous motiver. La matinée est rythmée par un relief similaire à la veille : d’abord une bonne côte bien longue pour nous mener à un col faisant office de station de ski – la Glen Shee – s’ouvrant sur une magnifique vallée que nous dévalons à tombeau ouvert, couchés sur nos guidons. Le spectacle amuse des touristes qui nous filment sur le bord de la route. Lorsqu’arrivé en bas, je jette un œil sur mon compteur, celui-ci indique 86 km/h – wow j’ai peine à y croire. Je questionne Clément, le sien indique de même. Décoiffant. Je pense alors à la chute, quelques frissons, je crois comprendre la signification de l’expression « à tombeau ouvert » : on y pense toujours après, c’est mieux ainsi...

Nous entamons ensuite une route vallonnée bien sympathique. Le soleil pointe le bout de son nez ce qui nous permet enfin de nous poser tranquillement pour pique-niquer sur un pont enjambant une rivière et de faire une petite sieste pour bronzer. Cela fait un bien fou, dommage ce sera l’unique fois en un mois.

Nous atteignons le Loch Tummel en fin d’après-midi. C’est assez touristique mais effectivement c’est joli. Nous faisons un petit arrêt à la Queen’s View, belvédère où aimait se rendre la reine Victoria.

En début de soirée, nous prenons conscience que cette nuit sera certainement la dernière en tente en terres écossaises car nous avons trouvé des hôtes warmshowers pour les deux prochains jours. Nous nous mettons donc d’accord pour trouver un endroit splendide digne d’un dernier campement. Nous zyeutons les rives du lac mais elles semblent peu propices et assez difficilement accessibles. Soudain, alors que nous atteignons l’extrémité du lac, une énorme côte nous décourage. Nous sommes pas mal cuits, la journée fut fatigante. Nous découvrons sur notre gauche une magnifique petite pelouse. C’est vraiment parfait sauf que… c’est la pelouse d’une imposante station électrique. Nous hésitons. Nous pesons la balance ; belle pelouse + grosse côte en perspective = nous plantons la tente. Nous nous jurons en rigolant que nous tairons cette lâcheté à notre retour.

            Nous avons évité la côte hier soir en décidant de camper à son pied ; nous ne pouvons donc pas y échapper ce matin ; la route grimpe régulièrement avant de déboucher dans une vallée plutôt sympathique qui nous conduit aux portes de la petite ville d’Aberfeldy, nichée dans un cadre qui rappelle celui des Vosges.

La route s’élève à nouveau. En haut du col, le mauvais temps pointe son nez ; légère pluie et surtout vent de face qui rend éreintante notre descente dans cette nouvelle vallée où les couleurs qui dominent sont le brun – végétation, et le gris – nuages. Les paysages sont déserts ; peu d’habitations, peu d’arbres, peu de circulation. Nous trouvons tout de même une petite grange pour nous abriter afin de pique-niquer car la pluie s’intensifie. Le moral n’est pas au mieux ; le pain de mie et le cheddar sont toujours aussi peu apetissant, la grange est très sombre et le sol sale et humide, ce qui nous empêche de nous asseoir, c’est un détail mais il ne faut pas grand-chose pour être un peu plus déconcerté.

Après avoir traversé le village de Crieff, je commence à m’inquiéter ; nous n’avons parcouru que soixante-cinq kilomètres et je suis déjà épuisé. Heureusement la pensée qu’un hôte nous attend à Dollar nous aide à ne pas trop désespérer. Comme si cela ne suffisait pas, la pluie devient torrentielle pour nous accueillir dans la passe de Glenderon qui doit nous permettre de quitter le massif des Cairngorms. Le brouillard est si dense que lorsque nous longeons un étang, nous n’apercevons même pas ses rives opposés. Dur.

Mais après la montée, il y a la descente. Nous apercevons enfin un panneau qui indique Dollar (où habite notre hôte) à une douzaine de kilomètres. Nous sommes complètement lessivés ; je ne peux m’empêcher de me dire en souriant lorsque je vois le panneau indiquant la commune : Dollar une ville qui vaut de l’or…

Nous débarquons donc chez Gavin, notre nouvel hôte warmshower. Je dis « débarquons » car notre vélo est une véritable chaloupe à cette heure-ci. Sa maison est spacieuse, il travaille pour le gouvernement dans le domaine cartographique. Il y a de la place pour  nous ce soir ; sa femme et ses quatre enfants sont absents. Il a émigré ici avec sa femme écossaise depuis les Etats-Unis après des études à l’université de Seattle. Il a pas mal vadrouillé à vélo en Europe, notamment avec ses enfants le long du Danube.

Pour occuper notre soirée, il nous propose d’aller faire un tour du côté du château de Dollar. Une petite balade à pied en forêt est drôlement agréable quand vous êtes à longueur de journée le cul sur une selle.

Nous nous endormons en écoutant le ploc ploc des gouttes. Mais cette fois-ci le ploc ploc n’est pas étouffé par la toile de la tente mais par le carreau du salon où nous voilà bien au chaud sous les draps.

            Au petit matin, nous réalisons que ce jour est notre dernier de nos tribulations écossaises ; ce soir nous serons à Edimbourg ! Pour le moment, nous débattons avec Gavin sur le meilleur moyen de rejoindre la capitale car désormais la circulation est plus dense. De plus nous voulons absolument faire le détour par Stirling afin d’apercevoir le Wallace Monument qui commémore la victoire de l’indépendantiste William Wallace face à l’armée britannique en 1297. En fin de matinée, il se dresse à l’horizon. Je pense qu’il pourrait sortir tout droit de l’imagination de Tolkien tant son style gothique victorien fait penser au Seigneur des anneaux. La côte qui mène à son pied fait perler quelques gouttes de sueur sur nos fronts bien que le soleil fasse encore défaut. Sur la butte, la vue embrasse la ville de Stirling ainsi que le château qui la domine. Nous décidons d’aller y jeter un œil. Bien sûr l’entrée est payante et notre bourse s’avère fort maigre en cette fin de périple. Nous tentons quand même une incursion, histoire d’aller faire un tour sur le chemin de ronde mais un garde nous somme de sortir nos bicyclettes de l’enceinte. Tant pis, on ne pourra nous empêcher de pique-niquer sur la pelouse à l’entrée aux cotés de la statue de Robert the Bruce qui défit lui aussi les Anglais en 1314 et permit l’indépendance écossaises en 1328. La vue est agréable ; au loin s’étire la plaine qui mène à Edimbourg.

En suivant cette direction, nous parvenons à une piste cyclable qui doit nous conduire à Dunfermline. J’ai toujours détesté les pistes cyclables, celle-ci n’échappe pas à la règle : monotonie et vent de face. Pfffiou.

Nous nous engageons ensuite sur le Forth Road Bridge où nous faisons la connaissance d’un cyclo-randonneur hollandais qui semble un peu perdu. Soudain le panneau tant attendu se dresse sur le bord de la route : Welcome in Edinburgh. Cela devrait nous réjouir mais chose incroyable nous nous prenons la tête pour une histoire de cadrage photographique – une broutille. Sauf que cette fois-ci la tension a du mal à passer. J’en suis abasourdi car je ne comprends pas pourquoi maintenant. Heureusement nous rattrapons le Hollandais qui cette fois-ci s’avère complètement paumé. Il tentait de demander son chemin mais ne parlant pas un mot d’anglais, sa recherche était infructueuse. Nous tentons alors de l’aider. Apparemment il cherche un camping en banlieue. Victime de son incompréhension, il décide de nous suivre, conscient ou non que nous nous dirigeons vers Edimbourg-centre.



05/02/2011
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