Londres - Epinal Du 03 au 04 août - 180km (Total: 2120km)
Ça y est ; l’heure du retour a sonné. Nous raclons le fond de nos bols de porridge, réajustons les sacoches sur nos bicyclettes et remettons le pied à l’étrier. Séquence émotion ; embrassades et promesses d’au revoir et non d’adieu. Mais la mélancolie du départ fait vite place à l’agitation ; sortir de Londres va demander une concentration sans faille. Armés du plan que nous a remis le père de Quincy, nous entamons une trentaine de kilomètres dans la banlieue londonienne. Un coup à gauche, un coup à droite, un coup on freine, un coup on accélère – direction plein sud vers Douvres.
Le parcours n’est pas bien excitant ; une longue et monotone route où le flot des voitures est continu (ce dont nous n’avons pas eu à gérer en Ecosse). Cet axe plutôt plat qui file en ligne droite nous permet quand même d’établir deux records : celui de la distance : 150 kilomètres (nous fêtons notre 2000è kilomètre en passant) et celui de la vitesse moyenne : 21,3 kilomètres/heure.
Notre arrivée à Douvres clôture donc notre séjour sur l’île britannique. Pour boucler la boucle nous décidons de camper exactement au même endroit qu’il y a un mois, dans un parc en bordure de ville. Il faut dire que l’endroit est sympathique. Avant, nous allons dépenser nos dernières livres sterling (quelle justesse dans la tenue des comptes !) à la terrasse d’un café.
Au petit matin, après une douce nuit bercée par la sérénité du retour, nous regagnons le port. Cette fois-ci ; pas d’ennui, nous sommes bien rôdés.
Dans le ferry, nous commandons un café et sortons le pot de confiture et les tranches de pain de mie. Soudain je me sens bizarre. Cela doit se voir à ma tête car Clément m’interpelle :
« _Ca va pas ?
_Euh non pas vraiment… »
Cinq minutes plus tard, après avoir visité les toilettes à bord, je suis de retour à notre table. Mais rien à faire, je ne me sens vraiment pas dans mon assiette ; je me demande même si je ne vais pas lui rendre mon trop plein de pain de mie. Est-ce la tranche de trop ou est-ce le retour en France qui me fait cet effet ; retrouver une douche, retrouver un lit, retrouver de la bonne nourriture, retrouver la paresse ? Pour le moment c’est les toilettes que je retrouve…
A Calais il nous faut retrouver le chemin qui mène à la gare TGV de Frethun. Les indications nous faisant emprunter l’autoroute, il nous faut – comme à l’aller – trouver un autre moyen d’y accéder. Quelques hésitations plus tard, nous voilà vautrés dans les fauteuils du train. Nous n’avons plus qu’a nous laisser rouler : Paris, Nancy et enfin Epinal où nos parents nous attendent. Pudiques que nous sommes, nous nous faisons une simple bise de bonjour. Pourtant la sensation d‘être de retour chez soi est excitante (bien qu’étrange). Il ne suffit pas de partir bien longtemps pour ressentir ces choses là. Je suis impatient de mettre en pratique tout ce à quoi j’ai pensé lorsque la monotonie me gagnait parfois au milieu d’une ligne droite trop longue.
Il faut absolument connaître cette façon de voyager, avec peu, en toute humilité, rien que pour appréhender cette sensation unique lorsque l’on franchit (même après seulement trente quatre jours de voyage) le pas de la porte de sa chambre et que l’on retrouve son intimité ; ces meubles et ces objets qui nous sont si rassurants pour se laisser porter par le confort de l’habitude et du prévu… jusqu’au prochain départ car – aucun doute – ce Tour d’Ecosse n’était qu’un préambule à plus grand, à plus long, à plus loin. Mais pour le moment, il va falloir réapprendre à gérer le train-train quotidien des cours à l’université car la rentrée scolaire approche à grands pas pour nous faire oublier pour un temps ces rêves de grands espaces et des contrées lointaines. Pour un temps…
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres