Tongue - Aviemore Du 25 au 27 juillet - 142 km (Total: 1553 km)
Avant d'enfourcher nos vélos, nous profitons de la présence des toilettes publiques pour nous décrasser un peu. Un sèche-main nous permet aussi de sécher les vêtements que l'on avait lavés la veille. Eh hop, nous voilà partis, tout propre pour une journée le long de l'extrême côte Nord.
La proximité de la mer nous laissait penser que nos cuisses et nos genoux ne souffriraient pas, mais il n'en est rien, la mer toute proche n'empêche pas la terre écossaise de se parer de plis et replis. Ajouter à cela, le souffle du vent marin, et voici l'ambiance dans laquelle nous avons cheminé ce matin-là.
Par la suite, le paysage s'est progressivement lissé, pour laisser place à une vaste plaine où de nombreuses céréales sont cultivées. Cette plaine, la première que l'on traverse depuis notre départ, me rappelle la plaine des Vosges, les bêtes dans les champs, le blé ondulant au gré du vent... un brin de mélancolie. Demain, nous sommes censés prendre le train; sur le vélo, j'y pense, cela me repose.
Arrivés à Thurso, Flo me lance un sourire en me faisant un signe de la main, il semble vraiment enthousiaste. Je comprends peu après, en voyant le panneau indiquant «LIDL». En effet, nos deux compères cyclistes Simon et Ludwig nous avaient informés qu'on y trouvait du saucisson, très rare en Écosse. On y entre comme deux enfants entrent dans un magasin de jouets, nous y faisons le plein de provisions car c'est peu cher et que demain nous n'avons pas à pédaler : biscuits, chips, pommes, tomates ET saucisson (qui d'ailleurs ressemblait plutôt à du salami).
Nous nous promenons dans la ville, pour y trouver un accès internet mais surtout notre lieu de camping. Thurso semble être une ville fantôme, on rencontre peu de personnes. Malgré cela, on rencontre un couple de Belges qui sont partis de Sud de l'Angleterre et qui sont arrivés ici-même après un mois de vélo. On passe un petit moment, les quatre à échanger nos conseils sur le matériel de randonnée. Ils nous parlent de leurs sacoches étanches qui peuvent passer une nuit sous la pluie sans prendre l'eau, ca nous fait rêver ! Nous partageons nos astuces pour camper...
Ensuite, nous installons la tente dans un parc publique à la tombée du jour qui se trouve à deux minutes de la gare. C'est notre pire endroit de camping à mes yeux : en pleine ville, à peine cachés par un arbre. La nuit, des gens passent, je ne suis vraiment pas rassuré, le sommeil n'est là que par intervalles.
J'attends le réveil avec impatience, il indique notre départ de cette ville. On se lève donc, pour aller à la gare. Vers sept heures, lorsque l'on s'apprête à mettre les vélos dans le train, le contrôleur nous grogne qu'il faut une réservation pour les vélos. On essaie de discuter en lui expliquant que l'on est arrivé hier, dimanche et que la gare était fermée, qu'elle n'ouvre que ce matin à 10 heures; bref qu'il nous était totalement impossible de réserver les places pour le vélo. Le contrôleur s'en fiche, nous dit de prendre le prochain train.
Quel coup de blues, le prochain train est à 13 heures. Alors on attend tristement que la gare ouvre pour réserver. Enfin, 10 heures approche... encore quelques minutes. On explique notre cas à l'agent de gare, compatissant, il nous révèle que le prochain train où l'on peut mettre nos deux vélos n'est que le lendemain. Nos regards se croisent... on n'a pas d'autre solution, on doit attendre une journée dans cette ville de Thurso.
Le matin pour nous occuper, nous allons à la bibliothèque, on tourne un peu en rond. J'ai l'impression qu'un mec qui se trouve à côté de nous lâche une injure en français, je ne suis pas sûr, alors je ne fais rien. On laisse nos affaires à la bibliothèque pour nous rendre à la pointe la plus au Nord de l' « île-continent » britannique nommée Dunnet Head. Du fait du faible poids du vélo, j'ai l'impression de voler, mais malgré cela, nous n'allons pas vraiment plus vite. Arrivés à Dunnet Head, il pleuvine. Nous nous arrêtons un moment à côté du phare. Nous sommes assis face à nos vélos qui ont parcouru 1500 km sans crever, on les décrit, on en parle, on pense à ce que l'on ajoutera... Nous avons une longue conversation sur l'efficacité relative des freins de Florian par rapport aux miens !
De retour à la bibliothèque de Thurso, on se lave dans les toilettes, on feuillette encore quelques livres. Le mec-à-l'injure-française de ce matin revient. Il refait signe de sa nationalité, on l'accoste. Il vient de Metz, s'appelle Kevin. Il fait l'Écosse seul et à pieds. Il s'autorise une nuit à l'hôtel par semaine pour se reposer et laver ses affaires. Lui aussi a fait du WWOOFing, en Nouvelle-Zélande pendant une année. Il nous invite à boire un verre mais nous ne pouvons accepter car l'argent commence à nous faire défaut.
Ce soir, on décide de changer de place pour dormir, on se met sur le bord d'un terrain de rugby qui est au centre de la petite ville. Nous appelons les contacts obtenus grâce à warmshowers et enfin cette journée ne nous laisse pas complètement tomber : John et Jane sont nos hôtes demain à Edimbourg ! Avant la tombée du jour, on entend des enfants qui passent à côté de la tente en chuchotant, ils nous ont jetés un truc sur la tente, on pense à des cailloux. Flo attend patiemment qu'ils reviennent en tenant mon sac de couchage encore rangé. Un autre projectile atteint notre tente, Flo hurle en courant pour les effrayer. Ce sont des filles, elles ont jeté des confiseries puis un caillou! Elles se rapprochent, je vais les voir en prenant le caillou dans la main, je leur demande avec une voix menaçante si elles apprécieraient que je leur jette. Elles se calment. Je suis vraiment énervé, j'avais peur qu'elles déchirent notre tente qui nous est indispensable ! Flo en a ras le bol de Thurso, ville maudite, moi de même, je n'ai jamais été aussi pressé de quitter un lieu.
Quel désert ! Nous sommes enfin dans le train, nos vélos aussi. Nous traversons uniquement des tourbières, légèrement vallonnées. Il n'y a rien, pas de routes, pas de chemins, pas de maisons, rien ! Et cela sur plusieurs centaines de kilomètres ! Dans les environs d'Inverness, nous retrouvons le paysage dans lequel nous avions sillonné quelques jours plutôt.
Le soleil nous attend à la sortie de notre train, à Aviemore. La ville regorge de magasins de matériels de randonnée, Flo me dit que l'ambiance à Chamonix est semblable. En effet, la majorité des gens ont un sac au dos, des bâtons de marche en main...
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